Ah Delhi ! Ses rues sales et surpeuplées, ses montagnes d’ordures et leurs effluves nauséabondes, ses vaches, ses chiens, rats et autres rodants, son trafic, sa pollution, ses vendeurs et chauffeurs de rickshaw malhonnêtes… et pourtant il y a meme ici quelque chose d’hypnotique et attachant dans tout ce chaos que je ne peux m’expliquer. Pour la première fois depuis plusieurs mois, je manque de perdre mon sang froid avec un chauffeur de rickshaw, le tourisme de masse a laissé ici sa trace. Main Bazar et ses boutiques trop chère et peu accueillante semble être le fruit de l’influence occidental. Fini les sourires et le calme légendaire des indiens, ici si on est gentil avec vous c’est que l’on cherche a obtenir quelque chose de vous. Et pourtant il suffit de parcourir quelques centaines de metres a travers les ruelles etroites et boueuses dut au récentes pluies diluviennes et l’on retourne en Inde. Les vaches, les gamins et les gens qui vous saluent bienveillamment sont la pour en attester. Il ne me reste plus qu’une journée ici et pourtant je me sens calme et heureux a déambuler dans ce labyrinthe vaseux et odorant ou chaque sourire est un cadeau de la vie. Je prends mes derniers chai assis par terre dans ce qui ressemble à un garage transforme en salon de thé improvise ou je discute avec un yogi de l’Inde, son évolution, la corruption et l’avenir. Après quelques achats assez impulsif et des séances de marchandage ou les vendeurs perdent parfois leur calme, ce qui est atypique pour ce pays, je fini par rentrer a l’hotel finir mon sac.
Difficile de trouver le sommeil, les idées fusent et étrangement ce ne sont ni l’angoisse, ni l’excitation qui occupent mes songes. Le temps semble avoir filé. Partis hier, me voila au bout de ma route et pourtant, le départ me semble être un lointain souvenir et ma personne vaguement familière. La seule peur que j’avais fut d’être devenu un étranger et même celle ci semble doucement s’être dissipé. Alors même que la solitude devient de plus en plus pesante, j’ai peur d’être devenu un étranger aux yeux de ceux que j’aime, m’être définitivement aliéné par cette expérience. Il n’y a pourtant qu’à travers les yeux de ceux qui me connaissent que je pourrais comprendre à quel point cette expérience ma appris, enrichi et changé. Je suis dans l’incapacité d’imaginer le retour que je m’étais pourtant joué dans ma tête des dizaines de fois il y a un mois encore. Mon cerveau ne semble plus capable de ressentir, observer et apprécier sans aucune pensées parasites. Le vol est assez long car je n’arrive pas à m’endormir. Me retrouver a Londres est un étrange sentiment, la première chose qui me choque et quelque part m’attriste un peu, c’est qu’au delà d’une extrême politesse, il semble que personne croise directement mon regard ou ne réponds a mes sourires, ou sinon ceux si sont dénué de sens. Le bus qui me permet de traverser la ville pour me rendre à l’aéroport de Gatwick est à moitié plein, mais chacun a fait en sorte de s’assoir seul avec son sac à ses coté afin de garder cet isolement. Personne ne parle, personne ne se regarde. Heureusement, je fini quand même par rencontrer une jeune femme un peu plus bavarde et moins complexé avec qui je peux avoir une discution autour d’un café avant de m’envoler vers ma destination finale.
« Ah putin Marseille ! » comme s’écrit un autre passager avec un délicieux accent qui m’avait tellement manqué alors que le train d’atterrissage touche le sol. Douane, bagages et me voilà à la maison. Je serre ma mère dans mes bras avec un immense plaisir et le sentiment de n’être jamais parti. Je passerai sur les retrouvailles que je garde jalousement pour moi tant je suis heureux de retrouver ceux que j’avais abandonné pour si longtemps. Contrairement à ce que beaucoup de gens me demande, je ne suis pas triste ni déçu de rentrer, loin de là. Je peux en fin me retrouver et apprécier ce que cette année m’a apporté. C’est dans les yeux de celle qui a su trouver les mots pour m’accompagner tout au long de cette année, mes amis, ma famille et tous ceux qui ont cru en moi que je me retrouve. Sans leurs encouragements, leurs pensées et leurs messages, jamais je n’aurai trouvé la force de faire ce voyage. C’est pour partager tout celà avec eux que je me suis mis a écrire et que j’y ai retrouvé un délicieux plaisir en jouant avec les mots comme je ne l’avais plus fait depuis des années. Aprés une année merveilleuse de rencontre et de solitude, je n’étais plus qu’un buvard qui s’imprégnait des sensations, cultures et personne que je pouvais rencontré ; une présente fantomatique qui s’imissait dans les bulles ou des millions d’autres hommes et femmes suivaient le cour de leur vie a leur façon, et selon les codes de leur propre culture. Aussi enrichissant que celà puisse être, j’en étais venu à me demander si j’étais toujours le même, si on allait me reconnaitre et si je ne m’étais pas finalement exclu tout seul de mon propre monde.
La distance ne m’aura que rapprocher des gens que j’aime, créé des liens qui me paraissent aujourd’hui immuable. Le retour aussi pour moi une façon de comprendre comment j’ai été changé jusqu’au plus profond de mon être. J’aurai pu naitre de l’autre coté de la Méditerranée, au Sud du Sahel ou le long de l’Indus, j’aurai pu vivre l’horreur du régime Khmer Rouge, la guerre civil en Afrique ou être victime de la mondialisation en Malaisie, j’aurai pu cirer des chaussures comme ce gamins dans les rues de Fez, courrir les rues poussiereuses de Bamako ou mourrir dans l’indifference totale des passants comme ce vieille homme allongé dans les marches d’une ville indienne. Le fait est que comme chacun des individu que j’ai croisé, à qui j’ai parlé et auxquels je me suis parfois attaché, je n’ai pas choisi. Je n’ai pas à avoir honte, ni a me sentir coupable pour leurs situations dont je ne suis pas responsable, ni a chercher à m’inventer un passé ou une culture qui n’est pas la mienne. J’ai compris que ce qui comptais été ce que je suis aujourd’hui et la façon dont j’interagit avec mon environnement et ceux qui m’entoure. J’ai pris conscience d’avoir une chance inouie, je suis née du bon coté de l’équateur, dans une famille aimante et tolérante où j’ai puis m’épanouir, j’ai rencontré et je suis entouré de personnes extraordinaires qui m’ont influencés et sans qui je ne saurais qui je suis aujourd’hui et enfin j’ai la chance de pouvoir réaliser mes rêves. Ma façon de remercier la vie et ces personnes est de donné chaque jour le meilleur de moi même, sourire et donner ce qui me paraitre être le mieux à chacun et continuer de rêver.
Je m’efforce de raconter et partager tous ce que je peux avec les gens que je retrouve. Je reraconte inlassablement, avec toujours autant de plaisir et consciencieusement des brives de mon voyages. Je suis à nouveau submergé par les images, les saveurs, les odeurs et les sensations, plongé dans aux milieux de la nature, des foules ou les sourires. En voyant les yeux qui brillent de mon auditoire, je suis heureux de revoire surgir en chacun cette lueur d’enfant qui sommeil nous. Je suis néanmoins assez sinique en ce qui concerne le récit d’aventure et je ne saurais que reprendre Levi-Strauss sur ce point. L’aventurier n’existe pas, c’est un mythe qu’on se plait à croire. Si je faire de ce voyage un filme, ce serait une longue succession d’images et de plans. Je n’ai rien d’un héro ni d’un surhomme, je suis avant toute chose chanceux. Mais c’est dans les paysages, les cultures et les gens que j’ai pu trouvé sur ma route que réside tout l’aspect extraordinaire et sensationnelle de ce voyage. Le mérite ne me revient en aucun cas, mais au monde dans lequel nous vivont, la Nature et les êtres vivants qui y réside. Je serais néanmoins plus que comblé si ces quelques mots, parfois confus ou passioné et souvent mal orthographié peuvent donner a d’autre l’envie de partir, de découvrir, de réver et se battre pour ce en quoi l’on croit. C’est dans ces regards d’enfants, ces rêves entrepris et cette joie de vivre que je trouverais le plus grand des plaisir.
Me voilà à peine arrivé que je suis à nouveau sur le départ, comme happé par l’inertie de ce voyage, j’abandonne à nouveau ce que j’aime, avec un certain pincement au coeur, encore plud dur qu’il y a un an, il faut bien l’avouer. J’étais loins de me douter que tout irait si bien pour moi et comme si je n’étais pas assez chanceux, je décolle aujourd’hui pour poursuivre mes études à Dublin en Irlande, un pays peut être plus proche et moins éxotique que ceux que j’ai pu traverser mais où je n’ai jamais mis les pieds. Même en écrivant ces dernières lignes, je suis ampli d’un sentiment de plaisir de chose accomplis bizarement lié à de la mélancholie. Les jours auront filé, voilà un an déjà que je suis parti et pourtant des années me semblent s’etre écoulées quand je revois ce jeune homme anxieux au volant de sa 4L. J’ai grandi, pris de l’expérience et paradoxalement retrouvé une ame d’enfant, une soif de savoir et surtout une envie de changer le monde plus vivante que jamais. Je prends doucement conscience de tout ce que j’ai appris et ce que m’apporte encore aux files des jours cette expérience. Je croyais partir une année, mais j’étais loin de m’imaginer où m’emmenerai ce voyage, lorsque je mettais le pieds sur ce bateau en direction du Maroc. C’était en fait un voyage d’une vie.