Un autre bout de l’humanite.

1 07 2010

Il est tard, je suis epuise par le trajet et c’est avec une certaine apprehension que je sors de l’aeroport de Chennai. On arrive en Inde comme on plongerait dans une eau trouble sans savoir ce qu’il y a au fond. Tous les sens se mettent en alerte, les bruits, les odeurs et la foule vous avale et vous transporte. Cette culture a des millenaires de la notre ne peut vous laisser insensible. Au beau milieux de la nuit, l’aeroport grouille. J’en sors comme hypnothise par l’atmosphere qui y regne en trouvant mon chemin a travers le dedale des gens allonge par terre. Biensur prevoyant comme je le suis, je n’ai pas fais de reservation et l’hotel ou je me fais deposer est complet. Je commence donc a errer dans les grandes avenues presques desertes la ville. La violence de l’Inde n’a d’egale que sa beaute et la facination qu’elle genere. La misere est ici sans aucune pareil nul par ailleur dans le monde. Les gens dorment partout par terre et sur les petit toits de taulles, les vaches ruminent dans les tas d’ordures et les chiens un peu mal en points aboient a mon passage. Je me dis qu’il ne doivent pas aimer ma guitare ou mon sac a dos qui doit les effrayer. Les odeurs de pourriture et d’urines se melangent a celles des epices et de l’encents. Ce sont finalement deux jeunes hommes en moto, se demandant ce que je fais tout seul a cette heure la et me mettant en garde contre les voleurs, qui me deposeront dans un hotel.

Je ne m’attarde pas a Chennai qui est une ville bien trop grande et grouillante a mon gout, je par le lendemain a l’aube pour Pondicherry plus au sud. La nourriture indienne est a l’image du pays, riche, variee et elle submerge les papilles gustatives et vous enflamme la bouche. Finalement comme tout le reste ici, il faut un temps d’adaptation pour pouvoir apprecier la finesse de mets meme les plus simples que l’on mange dans la rue. Pondicherry est une ancienne colonie francaise. Les grandes avenues bordees de petit batiments aux peintures blanchatre qui s’ecaillent, sont calme par rapport au rythme incessant qui regne partout ailleur. Je fais ici ma premiere rencontre avec l’Inde. Que dige ! Avec une des Indes. Je comprends mieux pourquoi l’on parlait autre fois DES Indes. Comme peut on generaliser sur un pays comptant une trentaine de langues officielles, sans parler des dialectes locaux parles par les minorites, s’etandant sur presque 3000 kilometres du Nords au Sud et de l’Est a l’Ouest et plus de4 ou 5 religions differentes dont plusieurs prennent leur essence ici. Je decouvre aussi l’histoire Indienne qui commence il ya plus de 6000 ans avec les peuples de la vallee de l’Indus et qui s’enchaine par une successions d’empire tous plus incroyables les uns que les autres avec leurs propres architectures et arts. C’est pour un europeen le monde a l’envers, j’ai l’impression d’etre un americain visitant l’Europe et decouvrant le sens du mot « Histoire ». Mes premieres rencontres me montre qu’un monde nous separe du point de vue des rapports humains. Je suis intrigue par l’etrange hochement de tete lateral qui  semble etre reponse a toutes mes questions, a mi chemin entre notre oui et notre non, celui ci semble avoir un sens qui m’est indescriptible. Les indiens sont calmes de nature et il me devisage d’un air que je pourrais qualifier de grave mais qui semble etre de coutume. Il brise ce visage de marbre en un large sourire et me tendant la main pour me saluer. Je decouvre des gens curieux mais aussi cultiver qui m’en apprenne enormement sur leur pays ou leur culture, tout en etant tres intrigues par ma presence.

Meme si les rues dormante de Pondicherry sous cette chaleur etouffante sont plutot agreable, je ne perds pas de temps et avec un vieux scooter capotant, je longe la mer vers le nord pour me rendre a Auroville. Comment ne pas faire le detour, meme si les echos que j’en avais eu restaient mitiges. Je trouve ici tout ce que j’esperais et plus encore. Je comprends aussi d’ou viens la deception de mes informateurs, Auroville n’est pas un site touristique, c’est un laboratoire d’experiences humaines a ciel ouvert. On a reuni ici des gens des 4 coins du globes afin de rechercher une autre facon de vivre et de se developper dans un esprit tres spirituel lies au pays mais non religieux. Je n’y apprends pas tant que ca, m’etant interesse au sujet avant d’etre venu ici, mais je ne peux etre quand admiration devant l’amphiteatre et le Matrimandir c’est enorme geode recouvert de miroir dore qui ont ete battit au centre de ce qui deviendra un jour une ville « autrement ». L’existance et la persistance d’Auroville, puisque cela fait quarantes ans que ca dure, prouve au monde entier qu’il est possible de vivre autrement en pensant a notre planete et propose un modele dont on pourrait s’inspirer. Ce qui m’amuse et m’impressionne le plus dans tout cela c’est la cuisine solaire ou sont servis 1200 repas quotidiennement. Cela laisse a reflechir quand on sait qu’aujourd’hui le boit qui sert a faire cuisine reste une des raisons premiere a la deforestation dans de nombreux pays d’Afrique et d’Asie. L’aspect spirituel developper ici n’est pas inerant a Auroville, la spiritualite est une notion omnipresente dans le pays. Je retrouve ici un sentiment que j’avais deja eprouve en Asie, le plaisir qu’il ya a entrer dans un lieu saint de de s’appercevoir que celui ci est un veritable lieux de vie et non un territoire presque sterile et sacralise au plus haut point ou l’on a presque honte du bruit de nos pas comme c’est le cas en Europe ou au Moyen Orient. Je decouvre une partie de la vie que nous avons mis de cote avec la revolution industrielle et la sacralisation de la science, rendant tout autre forme de pensee ou de croyance obsolete et mis a part au rang de croyance populaire ou paienne. Tout ce que l’on ne peut expliquer avec des chiffres et des formules mathematique est ainsi tabou ou sont des balivernes que seuls les esprits simples non eduques se plaisent a croire. Et pourtant, il serait bien dommage de s’arreter la et l’Inde nourri ici l’imaginaire et la pensee avec une multitudes de croyances et facon alternatives de percevoir notre monde. Le pays semble etre un paradoxe a lui seul, la seconde economie la plus florissante au monde derriere la Chine et aussi la plus grosse concentration de misere sur notre planete, une armee de paysans travaillant la terre sans aucun moyen mecanique et le coeur des innovations technologiques en terme d’informatique et de reseaux. L’Inde boulverse l’ordre etabli des choses et les concepts essentiels sur lesquels mon monde etait fonde et je ne peux que m’en rejouir.

Je n’ai que quelques jours dans la region du Tamil Nadu avant de devoir passer au Karnataka ou je vais faire du volontariat pendant deux mois. Sous les conseils d’un monsieur riche en informations sur son pays et qui me donna de nombreux eclaicissement sur son Histoire, je fais route vers le sud a travers les villes de Trichy, Tanjavore et Madurai. Ces trois villes sont connues pour leurs temples Hindus particulierement grands et d’une extraordinaire finesse artistique. L’Inde, ses arts et cultures sont pour moi a l’image de sa cuisine, elle n’est pas accessible a tous et il est necessaire d’aclimater son palais afin de pouvoir comprendre et gouter toute ses subtilites et ne pas se retrouver submerger par toutes ces saveurs et ces informations qui sont a l’origine de fameux « mal de l’Inde ». Les temples n’echappent pas a cette regle, comme surgis de nul part, au milieux des etroites ruelles se dressent les tours imposantes de plus d’une cinquantaines de metres, recouvertes de centaines de petite statuettes des quelques 300 deites qui constituent le pantheons hindus, toutes peintes de couleurs plus eclatantes les unes que les autres. Cette vision est absolument surrealiste mais rentre tout a fait dans cet normalite indienne. Les couleurs sont extremement importantes pour les indiens comme on me l’explique, la nourriture, les habits, les maisons, tout est recouvert de couleurs intenses et vives. La couleur fait partie de la vie et elle ravive meme les vies les plus miserables. Les temples, bien qu’aussi nombreux que nos eglises, semblent toujours remplis. Des foules de pelerins et de croyants se masse dans les imenses couloirs de pierres taillees et donne une dimension encore plus impressionante a ces edifices. Le travail de la pierre est lui aussi exceptionnel, j’ai la chance d’admirer a Tanjavore le plus gros Nandi d’Inde, boeuf sacre monture du dieux Shiva. C’est enorme statue de pierre noire ne fait pas moins de 26 tonnes et a ete taille dans un seul bloc, une veritable performance artistique mais aussi humaine puisqu’elle a plus de 1000 ans ! Mais c’est avant tout errer dans ces edifices mystique a dechiffrer les barres reliefs et autres peintures qui recouvrent les murs qui me facine. Je perds traque du temps voyageant ainsi a travers les siecles et les legendes qui sont contes a la maniere d’une bande dessiner. Je commence a prendre gout a ce pays, traverser la rue n’est plus un combat comme a mon arrivee, les epices m’ennivrent et les piments me brulent delicieusements les levres, j’adopte peu a peu cette attitude apparament calme et pourtant bouillonante des indiens. Meme les douzes heures de bus rocambolesque berce par les chansons des films de Bollywood qui s’enchaine sur le petit televiseur ne sont finalement pas desagreables. Je rejoins Bengalore ou je retrouve Dwaraknath qui me conduit dans la ferme ou je vais passer les 2 prochains moi afin de decouvrir un autre visage de l’Inde, la vie de ses paysans.


Actions

Information

Laisser un commentaire