Hindy rider

12 08 2010

Quel etrange  ambiance que celle qui regne a Manali. Un peu a l’image de la vallee de Chamonix, la ville s’est rapidement developpe autour du tourisme que se soit pour les activites en tout genre que l’on peut pratiquer ici, rafting, treks, parapente et bien d’autre, ou tout simplement parce que c’est aujourd’hui le moyen le plus sur de rejoindre le Ladack par la route au vu de la situation au Cachemir. Mais la vallee a un autre attrait attirant une faune totalement differente de touriste si l’on peut dire, le Charasse. Le chanvre indien pousse ici a tous les coins de rues, dans les terrain vague et sous les immenses cedre de l’Himalaya. Le hashish qui est produit ici et la tolerance autour de sa consommation entraine une multitude de neo hippies, vieux soixante huitard retrouvant l’energie et les valeurs de leur jeunesse oubliant un instant qu’ils ont pour la plupart adopte le mode de vie qu’ils rejetaient alors si violemment, de jeunes babacool qui pense avoir trouve une vision nouvelle capable de changer le monde reproduisant le meme schema que leurs aines, et une foule d’Israelien venu oublier dans la drogue et la fete les horreurs qu’ils ont pu vivre pendant leurs 2 ans de service militaire. Cela explique donc pourquoi on trouve ici une multitude de bar branche ou l’on passe du reggae, du rock psychadelique ou de la transe ainsi qu’une foule de boutique ou l’on vend des habits pour tous les gouts de ce cote de l’echelle de l’excentrisme. Je passe du coup inappercu avec mon sarouel, ma barbe et me cheuveux long. Malgres tout, il faut avouer que l’ambiance du vieux Manali n’est pas desagreable et qu’on y rencontre des personnages interessants. Mais ce n’est pas la le but de mon passage, je suis ici pour recuperer un Enfield pour me lancer sur la celebre route de Leh. Je trouve finalement la monture parfaite, une Bullet 500cc originale avec le levier de vitesse au pied droit, la premiere en haut et les trois autres en bas.

Apres avoir attendu que la pluie cesse ce matin, j’arconne tout mon barza a l’arriere de la moto. Au premier coup de kick, le moteur rugit de plaisir, le bruit sourd du pot d’echappement venant raisonner dans la petite cour encore ensommeille de la guesthouse ou je m’etais arrete. Des les premiers kilometres de routes le long de l’immense vallee verdoillante, je ressend se sentiment de liberte et cette excitation indescriptible que j’ai pu avoir au volant de ma 4L dans le desert ou sur la petite Honda XL perdu dans les montagnes du Nord Vietnam. La route serpente jusqu’au fond de l’immense vallee au fond de laquelle s’etendent les vergers de pommes. J’attaque l’ascention du tristement celebre col du Rhotang, considere comme le plus dur sur cette route car c’est sur celui ci que se deverse les residus de la mousson venant du Sud. Le nom « Rhotang » signifie « tas de cadavres » faisant reference au nombreux voyageurs qui se perdaient dans son epais brouillard et que l’on retrouvaient parfois en grands nombres inanimes quelques jours plus tard. J’apprehende un peu cette ascention meme si du haut de ses presque 4 000 m d’altitude, ce col est loin d’etre le plus de cette route qui compte 3 autres cols aux alentours des 5 000. Malgres la pluie et le brouillard, j’avale rapidement les 35 premiers kilometres a appercevant du coins de l’oeil les immenses cascades de plusieurs centaines de metres qui semblent couler directement des nuages et la vegetation etagee passe d’une foret mixte, a l’immense foret de cedre de l’Himalaya et enfin aux alpages rocailleux. Je prends peu a peu confiance ne rencontrant que quelques passages ou la route est deteriore, quelques traversees de petits ruisseaux et quelques flaques de boues. Je trouve que les indiens exagerent et je prevois deja mon arrive prematuree dans l’autre vallee.

Comment decrire la derniere dizaine de kilometres qui m’ont mene au sommet… La route a ete remplace par une bande discontinue de goudron, ou entre deux debris de bitume on alterne entre riviere et boue. Si on ajoute a cela la pluies qui ne s’arrete jamais, le brouillard et les nuages dans lesquels j’evolue alors, la foule de camions, 4*4 et autre bus de touristes part-chocs contre part-chocs et finalement la foule de pietons et travailleurs,  alors on peut facilement s’imaginer qu’il me faudra 4 longues heures pour parcourir ces quelques kilometres. Agripe au guidon de la grosse Enfield tetanise par la pluie et le froid, je me fais doucement un chemin dans ce chaos. Souvent une petite glissade ou l’odeur de brule qui emane de mon embrayage commande a mon cerveau de m’envoyer une petite pousse d’adrenaline qui me ramene a la realite. Il me faut parfois longer la bordure boueuse et glissante de la route au bord du precipice pour pouvoir avancer tant le traffic semble irremediablement bloque a la vue de camions face a face suivie du longue file de camions sur une portion a voix unique. Je fini quand meme par m’enliser a deux reprise dans la boue qui m’arrive maintenant a mi-mollets, puis a faire litteralement « tomber la moto » un peu plus loin sur la route. Toujours sous l’epee de Damocles que represente cet embrayage qui chauffe, je ne pourrais jamais assez remercier les indiens ou les autres motards qui m’ont aide a sortir de la sans plus de probleme.

Etrangement, apres toute cette agitation et cette confusion, lorsque je passe le col, ou je devine le petit stompa auquel est accroche une multitude de petits drapeau a priere, je suis alors absolument seul. Je passe alors de l’enfer au paradis. Presqu’en roue libre le long de la petite route sinueuse, je sors alors de nuage et je decouvre alors le paysage alors qu’un rayon de soleil vient me rechauffer. Peut etre est ce dut a la difficulte a laquelle je venais de faire face, mais j’ai rarement ressentit un telle bonheur dans ma vie. Je ressent une grande agitation a l’interieur, je ne peux m’empecher de verser quelques larmes de bonheurs qui ne viennent pas erroder d’un centimetre le grand sourire qui semble s’etre figer sur mon visage. Les alpages verdoyant qui s’etendent entre les rochers sont couverts de fleurs de toute les couleurs que les quelques rayons de soleils me permettent d’en apprecier le parfum. La vallee qui s’etends sous mes yeux est immense. Une immensite que l’on ne connait pas dans nos contres. Je m’arrete un peu plus bas devant une petit cabane de pierre d’ou une fois encore sont accroche des petits drapeaux a prieres qui flotte dans l’air frais qui souffle en permanence ici, un peu comme un rappel de notre insignifiance par rapport a la taille de ces montagnes.  Je commande ce qu’il y a, du dal. Les petits gamins souriants et semble t’il amuse par ma presence m’apporte l’assiette de riz et de differents haricots ainsi qu’un grand verre de chai fumant. La nourriture est divine par sa simplicite et ses saveurs et je decouvre avec plaisir le « ladacki chai », ce delicieux the au lait ou le beurre, je suppose de yak, vient remplacer le lait.

Le reste de la route qui menne a Keylong est absolument superbe, meme le bitume est parfait par endroit. L’immense vallee me donne l’impression d’une gorge qui aurait ete aggrandit de facon demesure. Jamais je n’ai vu une montagne comme celle ci, je ne peux que m’incliner devant le Grand Himalaya. On croirait pouvoir voir la montagne pousser a vue d’oeil, les immenses parois roucheuse torture par l’activite geologique et l’action insessante de l’eau de pluie et des glaciers venant tailler parfois comme une lame l’ensemble du paysage. Le plafond nuageux me permet d’appercevoir bien au dela du fond de vallee ou broutte paisiblement quelques animaux autour des petites maisonnettes miniaturises, comme accroche dans le ciel les glaciers laisse echapper d’immense cascade de plusieurs centaines de metres qui viennent ricocher contre la parois avant de degouliner sur les pentes verdoyante comme des torrents laiteux. J’ai beau m’arreter frequemment pour prendre quelques cliche, je fini toujours assi sur ma moto surchargee captive par l’observation de ce paysage dont je sais pertinament que l’essentiel ne sera jamais capture par l’appareil. J’arrive finalement a Keylong, garde par les monasteres et stompas litteralement suspendu aux parois et d’ou des cascadesde drapeaux multicolores, apres le dernier ravitaillement en essence avant la ville de Leh a quelques 400 kilometre de la.

Apres une excellente soiree en compagnie de deux indiens qui ont decide de faire la route a VTT avec qui j’aurais de longues discussion emplie de spirualite dont l’Inde a le secret, je plonge dans un sommeil profond, epuise et grandit par cette journee et sous l’oeil bienveillant des montagnes dont on peut percevoir l’immense presence malgres l’obscurite de cette nuit nuageuse. Je me leve a l’aube motive par une energie grandissante et il ne me faut pas longtemps avant d’etre de nouveaux aggripe au guidon de la Bullet. A peine etant sorti de Keylong, un torrent coupe la route, mais je peux voir un pont en contre-bas de la route principal. Apres avoir vu un de ces enormes camions multicolore couvert de dessins hinduiste sense les proteger traverser le torrent et sous le conseil d’un indien qui n’a probablement pas compris un mot de ce que je lui disais mais ne voulait pas me decevoir, je lache l’embraillage et je presse la manette des gazs. Me voila a 6h30 du matin dans un torrent dont l’eau ne doit pas depasser 5 degres et qui s’avere plus profond et plus puissant que ce que j’esperais. Il n’en faut pas plus pour qu’a pas deux metres de l’autre bord, ma roue vienne buter contre un enorme galet. La scene n’aura pas dure plus d’une quinzaine de seconde, mais une fois encore la fumee de l’embraillage, le son des bulles produit par le pot d’echappement qui est maintenant completement immerge, la force du courant contre lequel il faut que je lutte en balancant tout mon poids et finalement l’idee que je ne peux m’en remettre qu’a moi meme suffisent a me donner l’impression que cela a dure une eternite. Je pousse tant bien que mal du bout des pieds sous lesquels glissent les galets en secouant tant que je peux le guidon pour essayer d’enlever de ma route ce qui peut bien me bloquer. Il faut croire que ma technique, il faut bien l’avoue inspire des quelques tours de roues en 4L sur des terrains difficile, n’est pas si mauvaise ou que mon ange gardien fait particulierement son travail, je sors finalement du torrent. Apres avoir fais une petite pause, assis par terre a bout de souffle a cote de ma moto dont je me demande encore comment il est possible que le moteur tourne encore, je me remet en route pour essayer d’avancer le plus possible.

On m’avait prevenu que la Rhotang pass serait dans un etat pitoyable mais que la route et la pluie allaient s’ameliorer a l’approche du Ladack, j’avais donc decider d’avaler les kilometres aux plus vite pour etre tranquil. Malheureusement ,il semblait que la petite route qui serpentaient maintenant suspendu a flanc de vallee ne faisaient qu’empirer. Je ne laissait neanmoins pas deconcerter par ce detail, le regard perdu sur la vallee qui perd peu a peu son aspect fertile pour laisser place a d’immense pente rocheuses qui se tachent de petites touffes d’herbes dont la couleur change selon l’angle de vue et ou l’on devinne les troupeaux de chevres cachemirs. J’imagine c’est surement une vue proche de celle que peuvent apprecier les rapaces planant au dessus d’un massif montagneux. Apres le passage sur le petit pont branlant en bois et en metal rouille a Darcha au dessus de l’immense vallee qui innonde la vallee et parfois quelques maisons, j’attaque l’ascension vers le Baralacha, le premier des grands cols qui culmine a presque 5 000 metres. Apres quelques kilometres me voila de nouveau bloque par un torrents, cette fois nettement plus grand et puissant que le precedent. Refroidit et toujours trempe par mon experience du matin, je commence a vraiment me poser des questions sur la suite de la route alors qu’un vehicule tout terrain de l’armee traverse avec hesitation et le colonel, ou je ne sais qui, m’interdit de traverser m’assurant que je courais a ma perte. Apres quelques minute de contemplation devant ce splendide spectacle de la nature effacant en quelques heures les longues journees de travail de l’etre humain, je vois arrive 4 motards indiens bien decide a traverser. Ce sont 4 locaux qui ont decide de ce rendre a Leh en moto pour la premiere fois. Avant que je ne realise vraiment ce qu’il se passe, me voila pied nu, le jean retrousse sans vraiment de succes dans une eau glacee et puissante, qui nous arrive a mi-cuisse, a pousser avec mes nouveaux compagnions l’un d’entre nous sur sa moto. Une fois encore ma moto, ma guitare, mes affaires ainsi que moi meme avons droit a un bon bain frais qui s’acheve de l’autre cote avec des cris de joies. Au vu des obstacle qui paraissent grandir crescendo au fur et a mesure des kilometres, nous decidons de nous suivre et de s’entraider. Cela fait raisonner en moi cette petite phrase que m’avait confier un berbere dans le desert alors que je m’exaltais sur la gentillesse des gens que j’y croisait, il m’avait repondu avec un sourire bienveillant et un regard percant : « Dans le desert plus que nul part ailleur, l’homme a besoin de l’homme pour survivre ».

Apres un petit dejeuner sous une des celebre tente « parachute » dans un des rares petit camp qui longe cette route, petit ilot d’humanite perdu dans ce monde mineral, nous attaquons la derniere serie de lacet qui menne au sommet. La vegetation a ce point a presque disparut et la neige et les glaciers se font de plus en plus presents. Difficile de ne pas etre absorbe par ce spectacle grandiose. La realite revient me frapper une fois de plus avec un torrent qui traverse la route mais cette fois ci, la montagne a arracher le pont qui permettait de traverser et des travailleurs s’affaire a en construire un nouveau. Je passe peut etre deux heure stupefait et amuse par toute l’agitation qui se deroule en contre bas du rocher je me suis assis et d’ou je peux observer la scene. Les travailleurs indiens s’affaire a leur assembler les poutrelles de metals qui deviendront presque sous me yeux un pont alors que tout le monde s’affaire a sortir un monospace de touriste du torrents. Que ce soit les cordelettes ridicule avec lesquels on essait de tirer le vehicule qui ne cesse de se briser, avec lesquelles on arrache le part-choc ou l’absurdite de se relancer dans la meme tentative, elle aussi couronne d’un echec, une fois le vehicule secourue, je suis stufait a quel point la scene manque de bon sens ou peut etre de recul. C’est finalement un buldozer qui viendra pousser le vehicule hors du torrents permettant aux 4*4, camions et bus de s’elancer. Les motards venant de l’autre cote n’ont d’autre moyens que de traverser charge dans la pelle d’un tractopelle.

Il faut comprendre que la vallee de Keylong est si encaisse que aucun portable ne passe, et la route si isole qu’une fois le col du Rhotang passe, on est seul sans occune information avant d’arriver a Leh. C’est en croisant les premiers bus de touristes et les militaires que j’apprends la situation actuelle dans la region et je decide finalement de faire demi-tour. Une pluie diluvienne s’est abatue au Ladack le soir ou j’ai quitte Manali, laissant la ville ravage par des coulers de boues. Une coulee aurait aussi rase 7 kilometres de routes apres Pong a quelques dizaines de kilometre d’ou je me trouve. Le compte des tues serait deja d’une centaines alors qu’il y a encore des centaines de disparues et de personne dont on a aucune nouvelles etant en trek ou sur la route, et dont je realise que je fais parti. Tres vite l’option qui semblait la plus simple et qui consistait a se rendre a Sarchuc a quelques kilometre de la est mise de cote. Il est hors de question de se retrouver coince la bas alors qu’un millier de camion y est bloque et que deja la nourriture manque. A la vue du ciel qui se noircit, il est imperatif que je retourne a Keylong avant que la pluie ne rende cela impossible. Je refais donc les kilometres de ce matin ainsi que les traverses perieuses, que le passage successifs de camions n’a fait qu’empirer jusqu’a la ville de Keylong que je vois apparaitre alors que la nuit tombe sur la vallee. Comme ci tout cela ne suffisait pas, tous les hotels de la villes sont overbooke ou hors de prix vu la situation et la foule qui a decider de faire escale ici avant la difficile ascencion du Rhotang le lendemain. Je trouve finalement refuge dans une grande guesthouse tenue par une famille tibetaine et je tombe a nouveau dans un sommeil profond alors que je peux sentir la tension dans chacun des muscles de mon corps.

Je n’aurai qu’effleure le Ladack arrete a quelques dizaine de kilometres de ses frontiere. J’aurai eu neanmoins l’occasion de voir les visages et les paysages change tout au long de cette route, la roche prenant le dessus sur la vegetation et les visages ronds plus clair de peau, les yeux plus ou moins bridees et parfois meme les cheuveux blonds, les yeux clairs viennent remplacer les types indiens et leur yeux noirs. J’apprecie les derniers instants de routes seul dans cette immensite avec pour seul musique celle de l’air qui semble souffler en permanence comme si la montagne respirait. Meme l’ascention du Rhotang, il faut l’avouer dans le bon sens, n’est pas desagreable meme si je n’ai pas plus de chance avec le temps. Au moins j’evite les foules et les files de camions qui semble s’etre enfin arrete. Alors que je devale la vallee verdoyante de Kullu en route vers la civilisation, au milieux des immenses cedres, des blocs rocheux posaient au milieux de tout cela et les cascades qui semble tomber directement des nuages, je prends doucement conscience de ces trois derniers jours et ces quelques deux cents kilometres parcourus au milieux de l’Himalaya. Je n’ai aucun regret ni meme deception. J’ai ainsi une bonne excuse de revenir dans la region. C’est lorsque je vois le mecaniciens qui tient le petit garage ou j’ai loue la moto qui ‘offre un chai et des samosas ainsi que le regard et l’emotion de mes parents grace a internet, que je realise alors un peu ce qui vient de m’arriver. Je suis heureux une fois de plus d’avoir la chance de faire ce voyage, tout ce qu’il m’apporte et surtout je suis heureux de vivre.


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